Soirs de plaine brume et sommeil

vibrant encore de ses pas

qui en longues foulées pareilles

l'ont menée de-ci de-là

la marcheuse quitte sa veille

 

Dans ses yeux s'éteint le bocage

que les ombres nuancent en gris

voici l'heure où le paysage

rejoint les tramways de l'esprit

ceux qu'ils détournent des pas sages

 

Ses chaussures n'étant plus si sûres

la marcheuse alors perd un rien

de son désir d'aller, blessure

ouverte et entaille au chemin

qu'elle longe telle une fissure

crevasse au bord de son destin

 

Mais déjà la nuit, et le pied

se fait oeil paupière et cornée

sensible au plus petit gravier

du chemin vers la maisonnée

où la marcheuse s'est réfugiée

 

A l'heure vide où elle s'endort

la plaine sombre, et au noir

dessin de ses repères encore

vaillants à l'horizon ivoire,

la plaine jette un dernier sort